J’ai envie d’essayer, ça m'excite… mais je n’ose pas

Quand un homme hétéro veut découvrir la sodomie… mais bloque.
Nassim a 34 ans. Il est en couple avec sa copine depuis plusieurs années. Il a une sexualité qu’il trouve satisfaisante.
Mais voilà : depuis quelque temps, il ressent de la curiosité.
Quand il est seul, il explore. Il aime quand sa partenaire le touche à cet endroit. Il ressent des sensations fortes, intenses. Et une idée commence à germer dans sa tête :
“Et si je me laissais pénétrer ?”
Mais à peine cette pensée surgit, il la chasse aussitôt.
“C’est pas pour moi.”
“Je suis pas gay.”
“C’est dégradant.”
“Et niveau hygiène, ça me dégoûte.”
Il a envie. Mais il bloque.
Et ce blocage, il n’est pas rare.
La sodomie, un tabou tenace chez l’homme hétéro
Ce qu'il ressent, beaucoup d’hommes le vivent.
Ils aiment les femmes, ils n’ont aucun doute sur leur orientation.
Mais dès qu’il s’agit de la zone anale, un mur se dresse dans leur tête.
Pourquoi ? Parce que depuis l’enfance, on leur a appris que :
C’est une “zone interdite”.
Se faire pénétrer, “c’est un truc de mec soumis”.
“Un vrai homme, il prend, il ne reçoit pas.”
Et puis, “c’est sale”, non ?
Tout ça crée un cocktail explosif : honte, peur, dégoût, confusion.
Et pourtant… le désir est là. Il revient parfois. Mais il est vite étouffé.
Ce que la sexothérapie révèle souvent
Quand un homme hétéro vient consulter à ce sujet, ce n’est pas parce qu’il veut qu’on le “répare”.
C’est souvent parce qu’il est perdu entre ce qu’il ressent, et ce qu’il croit devoir ressentir.
En sexothérapie, on ne juge pas. On écoute. On aide à faire le tri :
Est-ce que ce désir est vraiment le tien ?
Est-ce qu’il vient d’un fantasme ? D’un besoin d’intensité ?
Qu’est-ce qui te bloque exactement ? Le regard des autres ? Le tien ? Une peur physique ?
Et surtout : est-ce que tu as envie de vivre ça avec confiance et respect, ou pas encore ?
Les idées reçues les plus fréquentes
🧠 “Si j’ai envie de ça, c’est que je suis gay.”
Non. Le plaisir anal n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle.
Il vient du corps, pas de l’étiquette. La prostate est une zone très érogène chez l’homme, qu’il soit gay, bi ou hétéro.
🧼 “C’est sale.”
C’est une idée qui revient tout le temps.
Mais il existe des gestes simples d’hygiène, sans obsession :
– Une douche externe et, si besoin, une petite douche interne avec de l’eau tiède.
– Pas besoin de tout vider, ni de tout désinfecter. Il s’agit de respecter la zone, pas de la traumatiser.
– Et surtout, apprendre à relâcher la peur du “dérapage”. C’est une zone vivante, pas un fantasme de pureté.
💪 “Je vais me sentir moins homme.”
Pourquoi ? Parce que tu reçois ?
Parce que dans l’imaginaire collectif, se faire pénétrer = être faible ?
C’est là qu’il faut travailler.
Le plaisir ne te rend pas moins viril. Il te rend plus connecté à toi-même.
Être un homme, ce n’est pas refuser tout ce qui bouscule. C’est être libre de ressentir, d’aimer, d’essayer, sans perdre son identité.
😣 “J’ai peur que ça fasse mal.”
Oui, c’est possible.
Mais souvent, c’est la crispation, la précipitation ou le manque de préparation qui fait mal — pas la pratique elle-même.
Les clés pour y aller… si on en a envie
✅ Faire la paix avec l’idée
Avant de “passer à l’acte”, il est important de s’autoriser mentalement.
Tu n’as rien à prouver. Tu explores ton corps, à ton rythme.
✅ Commencer seul
Découvrir la zone, le toucher, voir ce que tu ressens.
Avec un doigt, un petit accessoire, du lubrifiant…
Apprendre à respirer, à lâcher la tension, à accueillir les sensations sans forcer.
✅ En parler avec ta partenaire
Pas pour demander, mais pour partager.
Ce que tu ressens, ce que tu aimerais explorer.
Créer un cadre de confiance, sans pression, où chacun peut proposer ou refuser.
✅ Créer des conditions favorables
Ambiance calme, lubrifiant, positions confortables, gestes lents.
Tout ce qui donne du respect à ce moment.
Et arrêter si ça bloque. Toujours.
✅ Se faire accompagner si besoin
Parfois, les blocages sont profonds. Liés à l’éducation, aux traumatismes, aux croyances.
La sexothérapie peut t’aider à poser des mots, à retrouver confiance, à faire de ce désir un chemin personnel, pas un combat intérieur.
En résumé
Tu peux être un homme hétéro, en couple, bien dans ta sexualité,
et avoir envie de découvrir la sodomie…
…sans que ça remette en cause ton identité.
👉 Tu n’as rien à prouver.
👉 Tu n’as rien à faire “par devoir”.
👉 Tu as le droit d’essayer. Et le droit de ne pas aimer.
👉 Ce que tu ressens est légitime.
Et si tu bloques, si tu te poses mille questions, sache qu’il existe des espaces sûrs pour en parler, sans jugement, sans pression, avec bienveillance.
La sexualité, c’est un terrain d’exploration. Pas de compétition.
